vendredi 28 mars 2014

(vidéo) Les femmes kurdes prennent les armes

Trois jeunes femmes kurdes gardant un point de contrôle
 près de la ville d'Al-Malikiyah  posent pour la photo, arme à la main.

La défense armée kurde de Syrie est composée à 40% de femmes


Une commandante kurde menant l'offensive contre
une base militaire syrienne barricadée.
Dans les régions frontalières de la Syrie et de l'Irak où le désordre reigne depuis la guerre en Irak de 2003,  les Kurdes prennent les armes afin de se défendre. L'explosion de la guerre civile en Syrie fait apparaître de nouvelles menaces contre la peuple Kurde avec l'arrivée massive de Jihadistes tentant de prendre le contrôle de cette région. Si de nombreux groupes armés kurdes ont été d'abord formé dans le but de se battre pour leur indépendance (certains sont même considérés comme terroristes par l'Union Européenne), leur priorité est maintenant de défendre leur terre et leur peuple contre les assauts des membres d'Al-Quaïda et de l'Etat Islamiste en Irak et au Levant (EIIL). Un fait curieux qui a été relaté (trop peu si vous voulez mon avis) dans la presse est que 40% des soldats qui composent les milices kurdes sont... Des soldates ! Certains escadrons sont mêmes exclusivement féminins (par exemple, l'Union de Protection des Femmes). Les femmes kurdes se battent essentiellement afin de protéger leur ville/village et leur famille car l'effort défensif masculin est loin d'être suffisant contre les Jihadistes affluant de part et d'autres du monde. Selon les mots d'Aryan, une soldate de 32 ans, "avant la révolution, les femmes restaient dans leur foyer. Depuis que j'ai commencé à me battre pour mon pays [le Kurdistan], cette attitude a changé." Les combattantes kurdes sont redoutables et l'effet de surprise que leur présence créée est un atout contre les Jihadistes mais aussi une source de fierté pour ces femmes très sûres d'elles. Selon la commandante Akeed, les Jihadistes ont beau avoir de la quantité "mais ce sont de piètres combattants. Ils sont désorganisés, c’est facile de les tuer". Les femmes sont maintenant de plus en plus présente dans la vie active de la communauté au travers de la défense armée mais elle gagnent également une place importante dans les discussions politiques de leur peuple.

Les troupes armées kurdes, une guerre civile dans la guerre civile


Des soldates de l'Union de Protection des Femmes à Ima'bada.
Leur milice a repoussé plusieurs fois les attaques de l'EIIL
Si les Kurdes supportaient la révolution syrienne de prime abord car il y avaient vu une opportunité pour faire reconnaître leur nation, la population a vite été victime de violences (attentats suicides, violence contre les femmes) et s'est donc retourné contre les Jihadistes. "Nous ne sommes ni avec le régime, ni avec les rebelles. Nous nous exprimons au nom du printemps kurde, pas du printemps arabe" annoncent-ils. Néanmoins, si l'armée irakienne a aidé les milices kurdes à repousser les forces d'Al-Quaïda en dehors de leur territoire, les gouvernements d'autres pays, notamment la Turquie, persiste à mettre les Kurdes et les Jihadistes dans le même sac. La Turquie aurait même sciemment laisser les membres de l'EIIL passer la frontière en retirant les mines et autres dispositifs de sécurité afin de permettre au Jihadistes de s'en prendre également aux populations kurdes de Turquie.


Pour voir un reportage vidéo sur les combattantes kurdes réalisé par Vice, cliquer ici.

Sources:
http://www.vice.com/read/meet-the-kurdish-female-freedom-fighters-of-syria
http://www.rtbf.be/info/monde/detail_syrie-ces-combattantes-kurdes-qui-gagnent-la-guerre-contre-les-djihadistes?id=8077385

Sur le nationalisme kurde:

File:Kurdish-inhabited areas of the Middle East and the Soviet Union in 1986.jpg
En rouge sur la carte, la répartition du peuple kurde en 1986.
Depuis la Première Guerre Mondiale, le peuple kurde est animé par le désir d'indépendance nationaliste et de nombreux groupes politiques accompagnés de forces armées se battent afin de créer un état indépendant, le Kurdistan. Le peuple kurde, uni par la langue et la culture, s'étend sur une grande région montagneuse au sud du Caucase mais est séparé entre différents États: la Turquie, l'irak, l'Iran et la Syrie. Les raisons géo-politiques de cet essor nationaliste sont donc multiples et complexes puisqu'elles dépendent du traitement et de la reconnaissance de l'ethnie kurde par les Etats dans lesquels ils sont présents. La Turquie a des relations houleuses avec sa population kurde: déportation, tentative d'assimilation forcée puis négation de leur spécificité culturelle et conflit armé contre le Parti des Travailleurs du Kurdistan. En Iran, la Révolution Islamique a mené à une "guerre sainte" contre les rebelles Kurdes et si aujourd'hui, le peuple kurde n'est plus directement menacé, il leur est impossible de s'exprimer politiquement puisque la loi interdit toute dissidence. En Irak, des massacres à l'encontre des Kurdes ont été perpétrés sous le régime de Saddam Hussein  mais l'intervention américaine de 2003 mena à une nouvelle constitution qui autorisa la création d'une région autonome kurde. Quant à la Syrie, la répression contre les Kurdes et leur culture eut également lieu mais c'est maintenant la guerre civile qui frappe les Kurdes de plein fouet. Bien que les Kurdes soient musulmans, ils se battent aujourd'hui contre l'islamisme fondamental et les Jihadistes du EIIL qui veulent leur imposer leur doctrine par la force, menaçant la sécurité, l'intégrité et la liberté des habitants du Kurdistan Irakien et Syrien.
Si les Kurdes sont plus que jamais unis, c'est surtout afin de se défendre contre des menaces extérieures: l'oppression par les États qui refusent de les reconnaître ainsi que les attaques multiples des groupes islamistes armés. L'identité Kurde ainsi que leur esprit nationaliste tend donc à s'affirmer en négatif de la culture contre laquelle ils s'opposent. La prévalence du Marxisme, les tentatives de rapprochement avec l'occident ainsi que le combat pour les droits des femmes est donc lié à une volonté de se démarquer de leur ennemi. C'est pour cette raison que les Kurdes souhaitent maintenant incarner une certaine forme de progressisme face à la menace fondamentaliste.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire