mardi 25 mars 2014

Les Malgré-Elles, femmes alsaciennes incorporées de force par l'armée Nazie

Tout le monde connaît l'histoire des Malgré-Nous, ces Alsaciens et Mosellans incorporés de force dans les diverses factions de l'armée Nazie notamment impliqués dans le massacre d'Oradour-sur-Glane. Ce qui se sait très peu, c'est que de nombreuses femmes ont également été incorporées, on les appelle les "Malgré-Elles". La plupart d'entre-elles ont principalement remplacé les hommes dans le travail administratif afin de "libérer" ces derniers pour qu'ils puissent partir pour le front. D'autres ont travaillé dans les usines d'armement, mais il y avait également des femmes dans certains escadrons, dont Alice Wirth qui témoigne dans cette vidéo disponible sur le site de l'INA. En 2008, un mémorial aux Mélgré-Elles a été ouvert à Shirmeck afin de témoigner de cet événement. 70 Malgré-Elles étaient présentes à l'inauguration de ce mémorial et vous pouvez voir la vidéo ici.
La carte de travail obligatoire d'une Malgré-elle
La carte de travail obligatoire d'une Malgré-Elle

Petit ajout personnel sur les Malgré-Nous et l'identité nationale etou régionale des Alsaciens :
De nombreux Malgré-Nous avaient déjà combattu durant la Première Guerre Mondiale, mais sous l'uniforme français. Néanmoins, les similitudes entre l'identité régionale et l'identité du peuple allemand fait se poser la question de l'appartenance nationale: les Alsaciens et Mosellans étaient-ils (et sont-ils) des Français ou des Allemands? Ou peut-être tout simplement leur identité était autre, une identité à part entière, l'embryon une potentielle nation qui n'a pas eu l'occasion de s'exprimer et qui a au final été déchirée par les combats que se menaient deux Etats conquérants qui l'ont rattachée tour-à-tour à la France, tour-à-tour à l'Allemagne/Prusse. L'Alsace fait maintenant partie de la France et son identité si particulière incarnée dans sa langue risque bien un jour de disparaître si l'on n'y prend pas gare. Ce thème m'est très personnel car je suis moi-même née en Alsace et, bien que la nouvelle génération dont je fais partie s'identifie comme Française (par l'école, l'usage de la langue française, la citoyenneté mais aussi par la télévision et la culture en général), on ne peut pas dire de même des anciens. Mes grands-parents, nés durant la Seconde Guerre Mondiale, ont premièrement appris l'Allemand à l'école de façon obligatoire, puis le Français (l'usage de l'Alsacien ou de l'Allemand était sévèrement puni par les professeurs) mais surtout ils s'exprimaient (et s'expriment toujours) dans la langue régionale, prenant de la distance avec l'identité française mais rejetant en bloc toute association avec les Allemands. Il faut savoir que les Alsaciens et les Mosellans de cette génération ont énormément de rancoeur vis-à-vis de l'Allemagne suite à ce qui s'est passé durant la Seconde Guerre Mondiale. Il faut également rappeler que la plupart ses Alsaciens et Mosellans incorporés dans l'armée allemande et envoyés au Font-Est ne sont jamais revenus. Enormément de familles, dont la mienne, déplorent toujours la disparition de certains de leurs aïeux. Peut-être sont-ils morts sur le front, mais il est également probable que l'Armée Rouge les ait capturés et envoyés dans des goulags d'où ils ne sont jamais sorti. C'est une cicatrice qui se referme difficilement et qui illustre les dérives les plus absurdes du nationalisme.

1 commentaire:

  1. bonjour
    je me souviens d'un documentaire il y au moins 10 ans sur le RAD où certaines malgré elles avaient été stérilisées à leur insu .JE n'arrive pas à retrouver ce document.. cela vous dit quelque chose ? NB BEAU TRAVAIL

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